Nous voilà partis vers 9h du matin sur les routes en direction de nos objectifs montagneux.
Durant les premières heures, nous remontons une large vallée de galets et longeons la rivière. C’est assez moche pour être tout à fait honnête. Bon, la météo n’aide pas : il fait gris et pluvieux. Mais quand même, on sent que tout le paysage est modelé et remodelé par l’homme et ses bulldozers, ce qui gâche un peu le plaisir, en tout cas le mien.
Nous enchainons les check-points. Certains passent bien et il n’y a qu’Ali et notre officier de liaison Guo qui descendent du bus pour présenter les papiers. Parfois, nous devons descendre aussi, nous présenter et donner nos passeports. Parfois encore, nous devons remplir des papiers et marquer des papiers de nos empreintes digitales. Dans tous les cas, cela prend un temps fou en discussions, paperasses… et nos deux accompagnateurs ne sont pas rassurés. Nous sentons que tout peut se passer et que nous pourrions fort bien devoir repartir en arrière et rentrer chez nous. Les regards sont inquiétants, nous faisons profil bas en espérant surtout que les militaires n’aient pas envie de vérifier notre attirail car nous avons des tonnes de matos de grimpe et de photo, or nous n’avons qu’un permis de trekking et pas le droit évidemment de filmer ou de photographier quoi que ce soit.
Nos guides sont tellement angoissés qu’ils nous interdisent d’aller manger un peu truc dans une gargotte ou acheter une bouteille d’eau. Ils disent que si nous descendons du bus, nous risquons de gros problèmes. Ces contraintes et ce stress permanents sont assez pénible à force !
Après la ville de Akqi, le temps se met au beau et nous pénétrons dans une région bien plus jolie. La vallée se resserre, les montagnes se rapprochent et le lit de la rivière semble bien plus naturel. Nous voyons nos premières yourtes, des chèvres traversent la route, quelques chameaux apparaissent, le dépaysement que nous cherchions semble bien de la partie.
Un énième check-point inquiétant à l’entrée de la petite vallée qui doit nous amener à notre point de départ et nous pénétrons dans un corridor étroit entre deux parois de granite sculptées. La rivière qui traverse cette région est une des plus belles qui soient. La route est en surplomb au-dessus du courant et des rapides.
Notre bus se gare à coté d’une maison en terre sèche et nous le vidons juste avant la nuit. Un premier repas au réchaud et nous nous couchons dans les tentes. Demain, les chameaux viendront.