Réveillés au lever du jour, nous nous activons chacun pour plier bagage.
La descente est entamée vers 9h. Nous sommes chacun lourdement lestés des sacs de hissage encore bien chargés. C’est parfois un peu scabreux voire très stressant de descendre comme ça en plein gaz avec un poids si fort tirant vers le bas. Plusieurs fois, nous sommes obligés de demander de l’aide aux équipiers déjà en dessous pour qu’ils nous aident à freiner notre descente en tirant le plus fort possible sur la corde.
Quatre rappels et nous retrouvons déjà l’emplacement du bivouac précédent. De là, nous quittons la voie de montée et tentons de rejoindre au plus vite la neige. Une pente de neige monte en effet sur la droite de notre pilier. Il sera plus rapide de descendre cette pente que de refaire dans l’autre sens les immenses traversées qui nous ont couté tant d’énergie à la montée. Quelques 5 ou 6 grands rappels plus tard, nous voilà sur la neige.
Steph mouline Sean avec tous les sacs accrochés à lui avec la corde statique de 200m. Il arrive tout juste sur une petite terrasse rocheuse. Nico et Steph le rejoigne en rappel avec cette corde. Quant à moi, je décroche le relais, la corde et désescalade cette belle pente de neige/glace.
Reste encore presque 200m encore et nous franchissons la rimaye. Il est 18h lorsque nous posons enfin toutes les affaires sur le glacier.
Le temps de se restaurer un peu, de rééquilibrer les sacs et nous voilà partis vers notre camp avancé avec un sac sur le dos et un sac de hissage à trainer sur la neige comme un traineau. Le glacier est plus dur qu’à l’aller et nous ne nous enfonçons heureusement pas trop. Tirer ces charges avec le baudrier à la taille est un effort raisonnable mais la douleur à ma hernie est insupportable. Nico tente alors de mettre le baudrier au torse et ça marche du tonnerre ! Je le copie et m’aperçois que cela me soulage totalement. Nous parvenons ainsi à rejoindre le camp avancé en un peu plus de deux heures seulement avec tout notre matériel. Il ne sera donc pas nécessaire de remonter pour faire un autre portage au pied de la paroi.
Au camp avancé, juste avant la nuit et malgré le froid, nous nous faisons un bon plat de riz car la journée est loin d’être terminée, nous devons encore descendre au camp de base. Nous laissons une tente au camp avancé et quelques affaires encore puis nous reprenons le gros de nos affaires et reprenons notre entreprise de traction sur la neige et bientôt la glace, jusqu’à la moraine. Nous sommes très heureux d’avoir pu en si peu de temps descendre autant de matériel.
Sur la moraine, il n’est plus possible de faire glisser quoi que ce soit derrière nous, nous refaisons donc une fois de plus les sacs afin d’emporter le nécessaire pour le camp de base. Le dilemme des portages est toujours le même. Soit tu fais des sacs raisonnables mais tu fais alors plus de portages. Soit tu charges la mule, tu évites alors trop de trajets mais tu te casses le dos. Étonnamment, en fin d’expé, quand on a envie que ça s’arrête, le choix est souvent le même : des sacs énormes. Le chemin retour avec ces sacs de 40 kilos sur le dos est long et parfois bien casse-gueule, notamment la nuit. J’avoue que ce genre d’exercice ne me plait guère et je suis bien fatigué sur cette fin de parcours. Nous faisons des poses régulières. Nous arrivons à 1h du matin au camp de base. Nous réveillons notre guide et notre officier de liaison qui sont contents de nous voir. Nous prenons le temps de faire une bonne soupe et un bon thé et nous allons nous coucher, il faudra refaire un portage demain mais cette fois, sans Steph qui doit se reposer et laisser ses pieds tranquilles.