Voilà bien longtemps que je n’avais pas pris ma plume virtuelle pour alimenter ce blog. Un hiver délicat au niveau santé, pas mal de travail, trop peu de détente et des perspectives d’expéditions lointaines… Tout ceci m’a éloigné de cet exercice que j’apprécie.
Les choses vont peut-être changer, tout au moins momentanément, puisque je suis actuellement en Chine pour une nouvelle aventure et j’ai bien envie de la partager avec vous.
Je suis arrivé hier dans la « petite » (à l’échelle de ce pays) ville d’Aksu, à l’extrémité ouest de la République démocratique de Chine, tout proche de la frontière kirghize. Je suis calé pour le moment dans une chambre d’hotel après avoir pris mes marques aujourd’hui et fait quelques courses avec notre guide Ali.
Pourquoi dis-je « notre » ? Parce que je ne serai pas seul dans cette aventure, mais accompagné de trois larrons et pas n’importe lesquels. Nicolas Favresse, Sean Villanueva O’Driscoll et Stéphane Hanssens forment un trio de belges déjantés, surdoués en escalade et musiciens dès que possible, que vous connaissez peut-être déjà.
L’objectif ? Ben… y’en a pas vraiment ! Et c’est bien ça qui me plaît. Nous partons à la découverte d’une région montagneuse dont on sait peu de choses si ce n’est que presque tous les sommets restent à gravir et qu’elle réserve probablement une bien belle concentration de big walls, ces parois immenses et vertigineuses que nous recherchons pour nous émoustiller un peu.
L’idée étant évidemment d’aller chercher la plus belle, la plus raide, la plus haute et la plus difficile de ces parois et de la gravir. Vous allez me demander pourquoi partir avec des belges pour grimper une paroi. Détrompez-vous, le belge sait grimper ! Et mieux que ça, il sait le faire dans la joie et la bonne humeur, tout en engageant la viande quand il faut ! Et ces trois-là en particulier.
Alors moi, que fais-je là-dedans ? Et bien je m’en vais leur tenir compagnie, les assurer, grimper aussi peut-être un peu, mais surtout photographier et filmer ce beau moment de vie en paroi. J’avoue que je suis assez excité de reprendre mon rôle de cadreur de l’extrême après quelques années d' »inactivité » pour cause de projet Makay.
Bon là, j’étais sensé les retrouver mais finalement, c’est moi qui les attend car les choses ne se passent jamais aussi simplement que l’on voudrait. En l’occurrence, nos sacs remplis de matos sont coincés à Urumqi (prononcez Ouroumtchi) et mes trois collègues ont bien du mal à les faire sortir de la douane. La patience est donc de mise. Je n’ai plus de nouvelles d’eux depuis ce midi donc ils ont peut-être réussi à prendre la route vers Aksu et je vais peut-être les voir débarquer en pleine nuit ici, ce serait top.
En tout cas, j’avoue que ce petit temps de repos n’est pas pour me déplaire car le voyage qui m’a amené jusqu’ici la nuit dernière a duré près de 28h et je suis arrivé éreinté. Comme je le disais, j’ai donc profité de cette première journée pour faire quelques courses et échanger mes premiers mots de chinois avec notre guide Ali ou plutôt Mohamed Ali. Oui je sais, ils sont nombreux les Mohamed Ali dans le monde alors ça ne vous dit pas grand chose. Sachez donc que c’est un petit gars fort sympathique originaire de Kashgar près de la frontière pakistanaise, qui cause anglais plutôt très bien, qui sourit beaucoup, qui aime rigoler, qui se met en quatre pour trouver ce que je cherche dans les bazars du coin et qui boit de la bière de temps en temps. On va bien se marrer en somme.
Pour information, nous sommes ici chez les Ouïgours, une communauté sunnite très proche (au niveau de la langue, de l’écriture, bref de la culture) des kirghizes et donc des turques. Ils parlent donc le Ouïgour mais dans les montagnes où nous allons, ils parlent un dialecte différent semble-t-il. Ali est là pour jouer les intermédiaires entre les communautés locales qui vont nous aider à trimballer nos dizaines de kilos de matériel et de nourriture vers notre camp de base.
J’avoue que je partais avec quelques aprioris pas forcément positifs sur la Chine et ce que j’ai vu ici ces dernières heures m’a beaucoup rassuré. Le sourire est de mise même chez les militaires, des gens se sont décarcassés pour nous aider comme jamais je n’aurais pu l’espérer en France, beaucoup sont venus à ma rencontre pour être mon ami, être pris en photo avec moi ou m’échanger mes Euros contre des Yuans en souvenir, tous voulaient savoir d’où je viens et comment je m’appelle. Bref, je me sens très bien ici même si, à part Ali donc, personne ne semble parler anglais. Je galère un peu pour communiquer mais la logique voudrait que ce soit moi qui apprenne le Ouïgour et non l’inverse. Je vais donc essayer de m’y atteler dès que possible.
Allez, je vous laisse pour le moment. En résumé tout va bien et j’ai hâte d’aller en montagne. A bientôt pour la suite.